Nous avons eu la chance de monter, avec Nepthys Zwer, [1] un projet pédagogique sur l’Isotype dont nous avons rendu compte sur Cartolycée et que imago mundi a relayé de son côté.
Il est temps de présenter ce site, d’une grande richesse. Il offre de belles ressources, aux enseignants comme aux élèves.
Quand est né le site, qui en est à l’initiative ?
J’ai lancé imago mundi au mois de mai 2023. Dans le cadre de mes activités, je discutais avec beaucoup de personnes qui travaillaient sur les questions de l’espace et de la cartographie et voulaient partager les résultats de leurs recherches dans un format accessible à tout le monde. C’étaient parfois des réflexions théoriques, comme celles d’Elisa Bertuzzo sur la mobilité ou des créations artistiques, comme « Le son des cartes » de Jean-Luc Arnaud, une incroyable performance présentée au Printemps des cartes de Montmorillon en 2023. Je suis moi-même historienne et mes recherches portent sur la méthode de visualisation de données statistiques Isotype et l’épistémologie de la cartographie.
Le bandeau annonce « CETTE PLATEFORME EST DÉDIÉE À NOS USAGES DE L’ESPACE ET À SES REPRÉSENTATIONS : CARTOGRAPHIES, ARTS VISUELS, REPORTAGES, DONNÉES, ANALYSES... », il y a-t-il la volonté de porter un discours particulier avec ce site ? Quels sont ses objectifs ?
L’objectif est clair : offrir aux personnes qui questionnent notre rapport à l’espace, donc également la façon dont nous le représentons, une plateforme où partager leurs expériences et leurs réflexions. La publication de leurs articles est la première étape de cette mise en commun. Il était important pour moi de ne pas axer le site uniquement sur la cartographie, d’élargir le propos à tous les modes d’expression. Je réalise moi-même beaucoup de reportages et chacun permet d’approfondir des questions géographiques. Ces modes de représentations sont complémentaires. Voyez les « Lettres de Bamako » que nous a confiées le chercheur Mohomodou Houssouba : la forme épistolaire permet de comprendre la vie d’aujourd’hui au Mali en partageant le ressenti de l’auteur (voir la première lettre).
« Ce site se veut participatif » : comment fonctionne imago mundi ? Qui y participe ?
Le site est encore tout jeune et, dans cette première phase, seuls les articles sont mis en ligne. Notre format économique n’est pas commercial ; avec les ami·es qui m’épaulent, nous nous en occupons pendant notre temps libre. Beaucoup de publications sont en attente d’être traitées. Mais comme nous ne faisons pas de journalisme, nous ne sommes pas « dans l’urgence ». La parution de "Ceci n’est pas un atlas" a, par exemple, été l’occasion pour moi d’organiser de nombreux ateliers de cartographie collective. Ces contre-cartes produites par des personnes non formées à la cartographie sont des œuvres extraordinaires et les autrices et auteurs seront invitées à partager leur avis sur ce travail collectif à leur publication. Quelques exemples sont déjà en ligne, comme cette carte de Nantes ou cette carte de parcours de vie. L’idée est de multiplier les partages d’expériences.
Que pourrait-on dire d’imago mundi à des lycéens pour les inviter à parcourir le site ?
Ce site se veut une porte ouverte sur le monde, une exploration de toutes ses facettes. Les contributions viennent de chercheuses et chercheurs de diverses disciplines (géographie, histoire, anthropologie, sociologie, cartographie…) et de tous les pays. La connaissance construite à partir d’une telle diversité ouvre l’esprit à une critique constructive par la comparaison des approches et appelle l’argumentation. Cette approche implique aussi le respect de l’altérité. C’est exactement cette démarche qu’initient les projets de Ceci n’est pas un atlas. Chaque article qui aura soulevé la curiosité, bousculé les habitudes permettra d’enrichir sa façon de voir et de penser, hors des sentiers battus.
Questionnaire soumis à Nepthys Zwer en février 2024.