« La Louisiane est un État du Sud des États-Unis bordé par le Golfe du Mexique. Elle devient en 1812 le 18ème États des États-Unis. L’exploration européenne a commencé dans la région dès la fin du XVIIème siècle avec le français Cavalier de la Salle. Au début du XVIIIème siècle Louis XIV permet en Nouvelle France, qui s’étend des Grands Lacs à la Louisiane, le développement de l’économie esclavagiste. On y poursuit aussi l’entreprise de soumission des populations autochtones déjà durement frappées par les épidémies de variole comme les Tunicas, les Humas ou encore les Bayougoulas, les Chitimachas et les Atakapas.

Aujourd’hui, il s’agit d’un des espaces parmi les plus fragiles du continent nord-américain, et les menaces sont multiples. On pense avant tout aux nombreux ouragans dévastateurs qui ont frappés la Louisiane ces dernières décennies. C’est peut-être la menace la plus médiatisée, mais ce n’est pas la seule. Le réchauffement climatique entraine la montée du niveau des eaux qui conduit à la submersion de certaines îles. Les quinze mille kilomètres de canaux creusés dans le bayou pour laisser la place à d’énormes pétroliers ont détruit des espaces dans lesquels se développent de délicats écosystèmes. Riche en pétrole, le sous-sol du Golfe du Mexique attire la convoitise des géants de l’extraction des hydrocarbures. Ils y ont creusé environ quatre mille forages qui entrainent l’affaissement des terres, et, parfois, des marées noires comme celle de 2010 après l’explosion de la plateforme off-shore de Deep water.

J’ai alors tenté de m’attacher à mettre en avant cette richesse de biodiversité incroyable, ces écosystèmes si variés du bayou ou de l’intérieur des terres. Mais il était aussi question de présenter un espace dans lequel ce subtile équilibre est très fragile et menacé. Les petits points de couleur soulignent donc cette fragilité. Mais leur assemblage en courbe, en cercle, aux densités variables en fonction des espaces permet des montrer les inégalités de vulnérabilité face aux risques. Le bayou est entre terre et mer l’espace le plus vulnérable et qui subit aussi le plus de menaces. Un regard averti découvrira alors quelques formations de petits points rappelant les différents dangers comme les ouragans par exemple.
Mais il m’a également semblé important de présenter des assemblages de petits points qui montrent un caractère solide, robuste, fort, voire résilient. Cela accentue le contraste décrit plus haut. Il n’y a pas que de la résignation. Des associations, des populations se battent pour trouver des solutions afin de préserver au mieux cet espace. J’ai par exemple ainsi voulu représenter des espaces urbains dans lesquels siègent et manifestent des mouvements qui luttent pour la préservation comme des espaces dans lesquels fleurit un espoir nouveau. D’aucuns y verront alors peut-être des petites fleurs rayonnantes. »